mardi 8 janvier 2013

ORGANISATION ET COUT DE LA REFRIGERATION ET DE LA COLLECTE EN VRAC


 COUT DE LA REFRIGERATION ET DE LA COLLECTE EN VRAC


1. CONSIDERATIONS GENERALES

Lorsque l'on aborde l'étude de la conservation et de la collecte en vrac, il est nécessaire de tenir compte d'un certain nombre de remarques d'ordre général qui permettront d'éviter des erreurs pouvant être coûteuses.
Tout d'abord, sur le plan technique, la collecte en vrac n'est envisageable qu'à deux conditions de base : que le camionciterne puisse approcher très près du tank réfrigérant (8 à 15 mètres tout au plus) ; que le lait de chaque tank soit de bonne qualité, de façon à éviter la contamination de l'ensemble du lait de la citerne. Ce dernier point nécessite un contrôle permanent du lait qui se trouve ainsi déplacé du quai de réception de l'usine au niveau de la ferme. C'est au ramasseur à assurer ce contrôle, d'ailleurs simple, ce qui lui demande néanmoins une nouvelle qualification.
Dans une zone déterminée de collecte, le plus grand nombre possible de producteurs doit être équipé en tanks de façon à éviter la superposition du ramassage en bidons et en vrac. Cette homogénéité nécessite que la quantité de lait produite par ferme justifie la présence d'un tank. Lorsqu'elle est insuffisante, il faut rassembler le lait de plusieurs producteurs dans un centre de collecte judicieusement implanté.
On peut rarement mettre en place le ramassage en vrac dans toutes les zones. Au départ, il faut choisir celle qui offre le maximum d'avantages techniques et économiques. Il faut tenir compte du fait que souvent ce sont les zones les plus éloignées qui donnent le moins de lait par kilomètre parcouru et pour lesquelles la longueur du transport risque d'être particulièrement nuisible à la qualité du lait. Ces considérations peuvent jouer en faveur du choix de ces zones où, de plus, le ramassage en vrac peut inciter au développement de la production laitière.
Dans toute la mesure du possible, la zone choisie doit pouvoir progressivement s'étendre. Ceci permet de réorganiser périodiquement les circuits de collecte et d'assurer ainsi, en toute saison, une utilisation économique des véhicules. Selon le niveau de la production, on joue sur le nombre de camions en service ou le nombre de leurs rotations de telle sorte qu'ils aient un maximum de charge pour un minimum de kilomètres.
Etant admis que la mise en place des tanks et de la collecte en vrac se fait par secteurs successifs, chacun d'eux doit fournir une quantité de lait telle qu'elle assure un remplissage suffisant de la citerne.
Le choix des véhicules de ramassage doit impérativement tenir compte de l'état des routes. On doit également penser à l'évolution prévisionnelle à court terme des structures de la production (diminution du nombre de petits exploitants, concentration des fermes, accroissement du bétail laitier et de leur rendement…).

2. CONNAISSANCE DE LA ZONE DE COLLECTE

Tout projet de ramassage en vrac nécessite une très bonne connaissance de la zone de collecte considérée et l'analyse de ses caractéristiques. Cette analyse consiste à faire l'inventaire de la production (nombre de fournisseurs, quantité de lait fourni, distances…). On trace ensuite à l'aide d'une carte à bonne échelle (200.000e) les tournées. En général, ce travail est effectué en se fondant sur les tournées déjà en place dont la collecte est faite en bidons. Dans le cas où il s'agit de nouvelles zones, on utilise la même démarche.
L'inventaire comprend :
  • la liste des lieux de collecte classés par village, hameau, ferme isolée ou centre de groupage,
  • le nombre de producteurs de chacun de ces lieux en les classant en fonction des quantités maximales de lait fourni, par jour, en période de forte production. Ce classement est nécessaire pour déterminer la capacité des tanks réfrigérants,
  • les quantités totales de lait fourni par point de collecte en période de forte et de basse production,
  • la charge maximale du camion utilisé pour la tournée étudiée,
  • le kilométrage total de la tournée avec répartition de la distance correspondant au parcours actif, c'est-à-dire entre le premier producteur et le dernier (Kt) et à celle correspondant au parcours mort, c'est-à-dire entre la laiterie et le premier producteur et le dernier producteur et la laiterie (Kr),
  • le nombre de litres de lait ramassé quotidiennement par kilomètre de parcours actif ; le quotient correspond à ce que l'on désigne souvent sous le terme de densité de production ou densité technique,
  • le nombre de litres de lait ramassé quotidiennement par kilomètre de parcours actif + mort ; le quotient constitue la densité de ramassage.
Le tableau 12 donne un exemple de la présentation de ces renseignements.
Tableau 12 - Caractéristiques d'une zone de collecte (D'après B.D.P.A. - FORMA, 1968)
Liste nominative des villages collectésNombre de producteurs produisant (en pointe) Litrag (L/j) collectéCharge maxi. du camion de collecte actuelLongueur (km) de la tournéeDensité L/km en période de pointe
moins de 30 L/j30 à 70 L/j70 à 100 L/j100 à 200 L/j200 à 400 L/j400 à 600 L/j600 à 800 L/j+ de 800 L/jNombre total de producteursPériode de pointePériode creuseRamassage krTransport ktTotaleTechniqueFinale
(1)(2)(3)(4)(5)(6)(7)(8)(9)(10)(11)(12)(13)(14)(15)(16)(17)(18)
Exemple Tournée n° 1           2500L (pots) (20L)398476151
Village A231001007770550     
Village B3521000011620450    
Village C42131000111010720     
Totaux9104411002924001720      
Après avoir établi les caractéristiques de la tournée étudiée on reporte sur la carte les indications fondamentales qui vont permettre de définir le programme de collecte en citerne.
On trace tout d'abord le contour extérieur de la zone étudiée, c'est-à-dire à l'intérieur de laquelle est effectué le ramassage puis on y représente les points de collecte avec indication des quantités de lait produites quotidiennement en période de production maximale. On a ainsi l'image du territoire le collecte à partir de laquelle on définira l'implantation et la capacité des tanks, le nombre d'arrêts, la capacité des citernes et le meilleur tracé à donner á la tournée pour en réduire le plus possible le coût, le kilométrage et la durée. Ce tracé est fait “manuellement” ou intuitivement ; il demande alors de l'ingéniosité et du temps si l'on veut économiser au maximum le carburant et le temps.
Les facteurs intervenant dans le kilométrage parcouru sont la distance d'approche, c'est-à-dire celle pour se rendre de l'usine au premier producteur et du dernier producteur et la distance de collecte proprement dite dite, c'est-à-dire celle entre le premier et le dernier producteur. Cette dernière tient compte de la forme de la zone, de son réseau routier, de la répartition des producteurs et de l'ingéniosité avec laquelle est élaboré le tracé des tournées. Il est nécessaire d'éviter les imbrications, chevauchements et superpositions des zones de ramassage non seulement dans le cas d'une usine donnée mais aussi entre plusieurs usines. Afin d'éviter ou de limiter une coûteuse augmentation des distances et de rendre irrationnelles les tournées, il est souhaitable de rechercher des arrangements avec les autres collecteurs.
D'une façon générale, dans les limites permises par l'état des routes et les accès aux fermes, il est préférable de choisir un camion de grande capacité plutôt que plusieurs petits.
Du point de vue économique, on a généralement intérêt à faire un ramassage chaque deux jours dans la mesure où la qualité des lait le permet. Le ramassage tous les trois jours est à déconseiller absolument, en raison du risque important de développement des psychrotrophes.
Il est souvent intéressant, notamment dans les grandes zone de collecte, d'implanter des centres de collecte fraînant une surface limitée car la distance d'approche augmente avec le litrage davantage qu'avec la distance de collecte. Dans tous les cas, il faut optimiser le tracé des tournées en utilisant au mieux la forme de la zone, le réseau routier et la répartition des producteurs.
L'optimisation des tournées de ramassage est toujours difficile. Dans les grandes régions laitières, on a souvent recours au calcul scientifique et à l'informatique. Il existe de nombreux programmes qui permettent de réaliser ce travail. Sans entrer ici dans le détail des méthodes utilisées, on peut en rappeler brièvement le schéma. On y trouvera d'ailleurs divers éléments parfaitement et simplement utilisables en l'absence de l'outil informatique.
Optimisation des tournées par une méthode scientifique
Cette méthode comprend d'abord la saisie des données sous une forme qui doit être acceptable par l'informatique. On utilise des bordereaux et des cartes perforées à l'aide desquels on constitute les fichiers (disques, bandes) nécessaires au traitement.
Les données concernent l'offre de lait, les distances à parcourir er l'utilisation des véhicules. Celles relative à l'offre de lait sont rassemblées sous forme d'une liste codée qui indique par producteur les quantités de lait livré et éventuellement les qualités ainsi leur localisation géographique.
Données concernant les distances à parcourir
On ne sait pas a priori les tronçons de routes que les véhicules devront parcourir. Pour aborder le problème il est nécessaire de déterminer toutes les distances entre les fermes, les villages, les centres de collecte et l'usine. En considérant le village comme un point unique de collecte, on amène une simplification mais qui introduit une erreur plus ou moins importante selon les cas. L'établissement de cette matrice des distances demande un très long travail qui peut être réduit par différents moyens. Par exemple, une table de lecture d'ordinateur permet de saisir les coordonnées cartésiennes des points de collecte portés sur une carte et un programme de calcul donne ensuite très rapidement la matrice complète des distances à vol d'oiseaux. Mais ces dernières, même si elles sont affectées d'un coefficient de correction, reflètent mal les distances réelles et peuvent alors être inutilisables. C'est notamment le cas dans les zones montagneuses. Dans ce cas, sur la carte, il faut ajouter aux points de collecte les passanges obligés constitués par les carrefours routiers. On obtient ainsi sur la carte le “maillage” du réseau de collecte. Le relevé des différentes distances élémentaires entre les points de collecte et les carrefours routiers permet alors de connaître les distances réelles.
Pour obtenir la matrice complète des distances on a recours à l'ordinateur qui, grâce à un algorithme calcule le plus court chemin entre chaque couple de points.
Les données concernant les véhicules sont leur capacité et la durée maximale d'une tournée. Il faut aussi connaître les vitesses possibles des camions et les temps opératoires ou temps de travaux : temps par arrêt chez le producteur, débit de pompage dans les tanks…
La seconde partie de l'étude d'optimisation est relative à la fonction objective et aux contraintes. Pour une entreprise, la fonction objective est la distance totale parcourue par les véhicules pour l'ensemble des tournées de collecte qui doit être la plus courte possible.
Elle est évidemment conditionnée par certaines contraintes. D'une part les contraintes de capacité : toute tournée est limitée par la capacité du camion, elle - même sous la dépendance de divers facteurs. D'autre part, les contraintes de temps ; elles sont liées à la qualité de l'usine, les horaires d'accès aux fermes, l'organisation de l'usine, les horaires de travail des ramasseurs…
La recherche de l'itinéraire le plus court peut être fondée sur la notion “d'écartement”. Soit une usine (ou une entée de ramassage) qui doit assurer la collecte du lait de deux vilages (pour simplifier) A et B (figure 80).
La solution la plus longue est de faire autant de tournées qu'il y a de villages. Cela revient à parcourir le chemin :
La solution la plus courte est de collecter successivement par un même véhicule le lait des villages A et B. La longueur sera alors seulement de (). La différence entre le chemin le plus long et celui le plus court pour collecter les villages A et B, en partant de U, constitute l'écartement e du couple de points par rapport à l'usine, soit :
La recherche de la distance minimale revient à trouver l'itinéraire pour lequel la somme des écartements par rapport à l'usine est maximale. C'est en fait la position de l'usine par rapport à l'ensemble des points collectès et non pas le chemin choisi qui permet d'obtenir la distance optimale.
Figure 80
Figure 80 - Ecartement de l'usine par rapport aux points collectés Exemple :
Distance la plus longue :
Distance la plus courte :
Figure 81
Figure 81 - Zone de collecte répartie en sous - zones (D'après B.D.P.A. = F.O.R.M.A., 1968)
Cette formulation opérationnelle de la fonction objective permet d'obtenir des résultats satisfaisants car elle prend en compte le rôle fondamental que tient l'usine dans la constitution des tournées. La solution du problème est grandement facilitée par l'informatique.
• Sous-zones
La zone de collecte d'une entreprise est souvent hétérogène ; elle peut être plus ou moins étendue et plus ou moins éloignée de la laiterie de sorte qu'il est parfois souhaitable de la classer en sous-zones plus homogènes et d'appliquer à chacune des solutions technico-économiques différentes. Une laiterie ayant par exemple cinq sous-zones représentées à la figure 81, l'organisation de la collecte peut être traitée de la façon ci-après :
  • dans les sous-zones proches de la laiterie situées dans un rayon r, des parcours morts (ou temps d'approche) sont très faibles. De petits véhicules très maniables (de l'ordre de 2.000 à 3.000 litres, permettent généralement une densité de collecte optimale. Chaque tournée étant courte, les camions peuvent en effectuer plusieurs par jour. Le coefficient d'utilisation des véhicules est élevé et le coût de collecte par hectolitre bas.
  • dans les sous-zones intermédiaires de rayon compris entre r et R, les parcours morts deviennent importants. Dans ce cas, les densités finales de collecte ne sont, en principe, acceptables qu'avec des véhicules plus importants, de l'ordre de 4.000 à 6.000 litres. Afin que chaque camion ait un coefficient d'utilisation assez bon, il faudrait qu'il puisse faire deux tournées par jour, ce qui demande que la durée d'une tournée n'excède pas quatre ou cinq heures.
  • dans les sous-zones lointaines, au-delà des distances R, les parcours d'approches sont souvent très importants. Si le camion assure la collecte, la densité finale devient très faible. Dans ce cas plusieurs solutions sont possibles. On peut créer un centre de collecte dont le lait est transporté à l'usine par un gros porteur. On peut aussi utiliser un camion collecteur important avec remorque. De toute façon, il faut éviter de faire plus d'un parcours mort par jour et de ramener à l'usine du lait conservé plus d'une soixante d'heures après la traite.
  • Méthode simplifiéede calcul de la distance optimale entre l'usine et les points de collecte
Une méthode simple et relativement légère en calculs peut être suivie en application des éléments donnés précédemment sur la fonction objective et les contraintes. Elle comprend trois phases principales •lère phase. C'est la phade lait, matrice des distances, véhicules et possibilités d'utilisation de ceuxci.
•2e phase : C'est la mise en oeuvre de la fonction objective et des contraintes. Elle permet de déterminer l'itinéraire des tournées qui rend maximale la somme des écartements tout en respectant les contraintes de temps et de capacité. Les opérations sont à effectuer dans l'ordre suivant :
  1. calcul de la matrice des écartements à partir de la matrice des distances,
  2. établissement de la liste hiérarchique des couples de points de collecte (A, B…) de la matrice des écartements, cette liste étant classée dans l'ordre décroissant de la valeur des écartements eU (A, B…),
  3. formation progressive des tournées, à l'aide d'une carte, en réunissant les couples choisis. Ceci doit être effectué dans l'ordre hiérarchique de la liste et de façon que ces couples ne forment entre eux ni fourche, ni boucle,
  4. vérification à tout moment que la tournée ainsi formée respecte les contraintes de temps et de capacité,
  5. arrêt de la tournée dès que l'une des contraintes est atteinte et création d'une nouvelle tournée,
  6. fin du travail lorsque tous les points de collecte sont intégrés dans la tournée sans omission ni répétition.
•3e phase. Elle consiste, pour chaque tournée, à donner en clair les résultats. On indique : le véhicule affecté, la liste des villages et autres points de collecte classée dans l'on dre de l'itinéraire avec indication (si possible par village et par production) des quantités et éventuellement des qualités à ramasser (lait en vrac, lait en bidons, lait de chèvre, etc.), la quantité totale de lait à collecter, le temps nécessaire pour effectuer la tournée avec éventuellement notification des horaires à respecter. Ce document peut servir de feuille de route au chauffeur, notamment quand celui-ci est affecté à plusieurs tournées..
Cette méthode est facilitée quand on dispose de moyens informatisés. Toutefois, même en leur absence elle peut largement aider à optimiser les tournées. Elle ne permet pas toujours de trouver la solution optimale mais elle assure au moins une très bonne approche de celle-ci.
Il existe d'autres méthodes d'optimisation des tournées. Elles sont beaucoup plus complexes, certaines sont plus performantes. Elles nécessitent souvent l'appel à un organisme spécialisé. Elles ne se justifient que pour de grosses laiteries ayant de nombreuses tournées.
L'utilisation de ces méthodes présente divers avantages. Elle permet notamment de réduire les distances. Il est courant que l'économie atteigne 20 % du kilométrage effectué avant leur mise en oeuvre. La rapidité des calculs par l'ordinateur permet de modifier les tracés plusieurs fois par an en fonction des variations saisonniéres de la production, ou de modifications dans la structure de la zone comme cela se produit par l'arrivée de nouveaux producteurs ou encore dans la composition de parc de véhicules. On peut aussi déterminer par une série de simulations, les véhicules les mieux adaptés aux besoins de l'entreprise. Elle permet de détecter toute une série d'erreurs dans le ramassage comme les temps excessifs de ramassage, l'emploi insuffisant des véhicules et l'illogisme de certaines tournées tracées au hasard ou sur des critères sans rapport avec l'intérêt de l'entreprise. Enfin à l'économie de kilomètres s'ajoute l'économie de temps.
Il est évident que, dans le cas de petites laiteries collectant un nombre faible de producteurs, l'emploi de ces méthodes ne se justifie pas. La méthode “manuelle”, jointe à beaucoup de bon sens, est alors suffisante. Inversement, il faut éviter l'abus des méthodes complexes. L'abus technique consiste à vouloir perfectionner de manière excessive le modèle utilisé. On risque d'introduire alors des contraintes mineures ou aléatoires, ce qui conduit à un modèle trop compliqué et difficilement utilisable. Il faut éviter également l'abus humain qui se traduit par une résistance au changement ou par une perte d'initiative face à une situation imprévue.

3. TEMPS OPERATOIRES ET IMPORTANCE DES LIVRAISONS

Le ramassage du lait exige diverses opérations qui nécessitent du temps et qui se répètent, quelles que soient les quantités livrées à chaque point de collecte. On a vu précédemment la nécessité de prendre en compte lors de l'établissement des tournées les contraintes de temps et de capacité qui ont une grande importance dans l'économie de la collecte.
Temps opératoires
Le ramassage en bidons de laits pas ou peu refroidis impose des règles strictes concernant la durée de la collecte et par là son kilométrage. Faute de les respecter, ces laits arrivent souvent à l'usine en état d'altération. Par contre, les laits réfrigérés, de conservation plus longue, peuvent supporter une collecte de plus longue durée et de ce fait un allongement des tournées. Toutefois, il existe des limites à l'extension, faute de quoi l'augmentation des frais ne compense plus les économies réalisées.
Temps de roulement
Il se divise en trois parties : de la laiterie au premier producteur, de celui-ci au dernier producteur, du dernier producteur à la laiterie. Le temps de route et les vitesses de déplacement dépendent pour ces trois parties de plusieurs facteurs : chauffeur, véhicule (poids, encombrement), état des routes, relief, nombre de fermes et accès à celles-ci, traversées d'agglomérations, de voies ferrées… Il y a généralement peu de différence dans le temps de roulement par rapport au ramssage en bidons. Cependant, les camions-citernes sont en général plus lourds que les plateaux traditionnels et leur vitesse moyenne peut être inférieure. A titre indicatif, le tableau 13 donne une indication sur la relation entre la vitese moyenne de camions-citernes et la distance entre la laiterie et le premier producteur d'une part, et le dernier producteur et la laiterie, d'autre part. Ces résultats établis sur plusieurs tournées à l'aide de citernes de 3.500 à 10.000 litres, sur routes en bon état, moyennement accidentées, ne constituent qu'un exemple ne pouvant être généralisé.
Tableau 13 - Relation entre la vitesse du camion-citerne et la distance de la laiterie au premier et au dernier producteur (D'après MOREL, 1964)
Distance kmVITESSE en km/h
Laiterie - premier producteur (citerne videDernier producteur - Laiterie (citerne pleine)
MoyenneMinimumMaximumMoyenneMinimumMaximum
Moins de 532,925,745,026,518,434,5
5 à 1040,132,35432,320,045,0
10 à 1548,042,055,436,530,048,7
15 à 2050,544,356,041,032,047,4
20 à 3051,342,163,042,531,551,4
Plus de 3051,441,562,245,933,154,8
Ainsi qu'on peut le prévoir, la vitesse moyenne du camion vide augmente avec la longueur du parcours ; il en est de même lorsque le camion est en charge mais le véhicule est moins rapide. La capacité des citernes n'a pas été prise en compte. Son influence paraît faible dans la mesure où les conditions de circulation sont identiques pour tous les véhicules, c'est-àdire n'entraînant pas de ralentissement pour certains d'entre eux.
Le tableau 14 indique l'influence de la distance moyenne entre chaque producteur sur la vitesse du camion-citerne. Comme dans le cas précédent, les valeurs données n'ont qu'un caractère indicatif.
Tableau 14 - Vitesse du camion-citerne en fonction des distances entre les producteurs (D'aprè s MOREL, 1964)
Distance entre chaque producteur en kmVITESSE en km/h
MoyenneMinimumMaximum
Moins de 116,97,723,5
1 à 1,520,713,526,4
1,5 à 225,822,729,6
2 à 2,528,920,834,2
2,5 à 330,922,740,9
3 à 431,024,533,9
Plus de 432,830,437,7
On observe que la vitesse progresse régulièrement en fonction de la distance séparant chaque producteur.
Temps à la ferme
Le temps que passe le collecteur à la ferme se répartit entre six opérations principales:
  • préparation,
  • viandange,
  • opérations finales,
  • prélèvements d'échantillons,
  • ventes aux producteurs,
  • pauses, temps morts.
Les trois premières sont obligatoires ; les trois dernières facultatives.
Certaines de ces opérations peuvent être plus ou moins imbriquées; les ventes aux producteurs (ou rétrocessions) peuvent se faire partiellement ou totalement pendant la vidange; l'inscription des quantités de lait peut être effectuée pendant la vidange ou être comptée dans les opérations finales. Le temps total occasionné par la rétrocession et l'inscription ne sera alors enregistré qu'en partie. Le temps de vidange doit toujours apparaître en totalité.
Les trois opérations obligatores se classent en deux types : celles dont le temps est proportionnel à la quantité de lait (vidange) et celles dont le temps est indépendant du litrage. Les opérations facultatives font partie des temps fixes.
Le temps mis par le camion pour se placer près de la cuve ne dépend pas du litrage mais il varie avec les conditions d'accès.
Temps fixes
Ils comprennent, d'abord, les temps de préparation :
  • la descente du camion,
  • le déroulement de la tuyauterie de vidange,
  • l'immersion de la canne suceuse (vidange par vide) ou le branchement sur la vanne (vidange par pompe),
  • la lecture de la jauge (quand le camion n'est pas muni d'un compteur) et inscription de la quantité,
  • la mise en route de l'agitateur,
  • la mise en route du dispositif de vidange (ouverture de la canne suceuse ou démarrage de la pompe),
  • éventuellement, au début de la vidange, prélèvement d'un échantillon de lait, mise en flacon et rangement de celui-ci.
L'évaluation du temps nécessaire à chacune de ces opérations nécessite de nombreux chronométrages. Ils peuvent varier de façon importante en fonction de conditions particulières ou exceptionnelles. Une étude réalisée dans un pays laitier moyennement accidenté et ayant de bonnes routes a montré que le temps global de préparation par producteur se situant entre 0,20 minutes (en 1/100e) et 4,20 minutes, la moyenne était de 0,96 minutes avec un écart-type de ± 0,56 minute. Ces valeurs nont qu'un caractère purement indicatif.
Les facteurs de variation les plus importants sont :
  • la distance du tank par rapport au point de stationnement du camion-citerne,
  • l'accessibilité de la cuve,
  • l'emplacement, la qualité et le nombre d'accessoires du camion-citerne et du tank,
  • l'habileté et l'esprit d'organisation du collecteur ; ce point est d'une grande importance.
Généralement, on observe que les temps de préparation les plus longs résultent soit d'une mauvaise organisation du travail soit d'une inadaptation des équipements. Les principales pertes de temps peuvent se situer :
  • à la descente du camion : cabine peut accessible, allées et venues inutiles du ramasseur, tanks éloignés, ou d'accès difficiles..,
  • à la lecture de la jauge : graduations peu lisibles à cause d'un mauvais marquage ou d'un local sombre ; en cas d'emploi d'un tableau de correspondance entre les graduations et le litrage, tableau éloigné ; inscription des quantités en deux temps : sur le carnet du producteur et sur la fiche du ramasseur,
  • au déroulement de la tuyauterie : tuyau peu accessible, difficile à dérouler, tank mal situé,
  • au branchement de la tuyauterie : vanne de vidange mal conçue, mal orientée, trop basse ; clé de serrage oubliée dans le véhicule ou placée, à distance,
  • à la mise en route de la pompe : retour an camion pour mettre en marche la pompe alors qu'elle peut être commandée à distance.
Les temps d'opérations finales comprennent :
  • l'arrêt de la pompe (quand elle existe) ou la fermeture de la vanne suceuse,
  • rinçage éventuel rapide du tank ; dans certains cas il doit être obligatoirement effectué par le ramasseur et ne se substitue évidemment pas au netoyage fait par le producteur,
  • l'enroulement de la tuyauterie et de la canne suceuse,
  • le relevé du compteur quand il existe et s'il n'est pas muni d'un dispositif d'enregistrement ; éventuellement remise du ticket au producteur ou inscription de la quantité sur la fiche du collecteur,
  • la montée dans le camion.
Là aussi on constate que le temps global des opérations finales est sujet à de grandes variations. Une enquête faite dans les mêmes conditions que celle réalisée sur les temps de préparation a montré que la montée dans la camion varie de 0,15 minute (en 1/100e) à 3 minutes. La moyenne est de 0, 89 minutes avec un écart-type de ± 0,43 minutes. Les variations et les temps les plus longs ont à peu près les mêmes causes que dans le cas des opérations de prépartion.
En cas de rinçage du tank, le temps nécessaire, à lui seul, est de l'ordre de 0,70 à 0,80 minutes, ce qui revient presque à doubler le temps total des opérations finales.
• Temps de vidange
Il varie avec la puissance de la pompe ou du système d'aspiration et avec le diamètre et la longueur de la tuyauterie. Lorsque ces facteurs sont constants, il est seulement proportionnel à la quantité de lait. En pratique, il est très variable. Pour prendre une base d'estimation, on peut considérer qu'il est de l'ordre de 0,60 à 0,85 centièmes de minutes par litre mais avec des variations de l'ordre de 0,35 à 2,10 centièmes de minute par litre.
• Temps fixes facultatifs
Ils comprennent les prélèvements d'échantillons de lait, les ventes aux producteurs, les pauses et temps d'arrêt divers. Ces opérations ne se rencontrent pas dans tous les cas ; elles peuvent être régulières, irrégulières ou aléatoires.
Le temps qui leur est consacré est très variable. C'est ainsi qu'une enquête a permis d'observer que le prélèvement manuel d'un échantillon nécessite entre 0,07 minute et 2,66 minutes ; en moyenne il est de l'ordre de 0,78 minute avec un écart-type de 0,48 minute ; le plus grand nombre de prélèvements demande environ 0,40 minute. Il est évident que les prélèvements semi-automatiques ou automatiques apportent un gain de temps précieux.
Les rétrocessions par les ramasseurs demandent un temps plus ou moins long selon qu'elles sont faites ou non pendant le temps de pompage ; le nombre de produits distribués, l'encaissement de l'argent par le collecteur ou la simple inscription de la marchandise vendue constituent aussi des facteurs jouant sur le temps. Ces ventes peuvent nécessiter jusqu'à cinq minutes par producteur ; en moyenne elles demandent 1,20 ± 0,76 minute. Les temps de pause peuvent lourdement augmenter la durée du ramassage. Ils comportent des arrêts pour boire ou manger, des discussions avec les producteurs, des petites réparations éventuelles sur les tanks ou le véhicule. Ils sont très variables selon les collecteurs, les tournées et les entreprises. On peut estimer qu'ils sont équivalents à un temps d'arrêt de l'ordre de 0 à 3 minutes par producteur. Ils devraient être limités, sauf justification, à une minute au maximum par producteur.
Ainsi, il est bien difficile de définir des normes applicables partout concernant le temps de ramassage. Celui-ci varie selon de nombreux facteurs propres à chaque entreprise. Pour des tournées présentant des conditions équivalentes, il n'est pas rare que le temps total varie du simple au double, voire davantage. On voit le gain que peut apporter une sérieuse étude des temps nécessaires et le respect d'horaires judicieusement calculés. Afin de donner un ordre de grandeur on peut estimer que le temps total d'arrêt à la ferme des camions-citernes, rinçage compris, opérations facultatives exclues, peut se situer entre cinq et sept minutes pour des tanks de 200 à 600 litres.
Il est souhaitable d'établir un plan théorique des temps de collecte par camion. Il permet de vérifier que chaque camion a un temps de travail quotidien suffisant et de déterminer le kilométrage annuel à prévoir pour l'ensemble des camions de modèles donnés. Il contribue aussi à faire respecter les horaires. Il peut être du modèle représenté au tableau 15.
Tableau 15 - Plan de tournées
Organisation de la collectParcoùrs mort aller et retourParcours utileArrêts chez les producteursVidangePausesTotaux des temps
kmtempskmtempsnombretempslitrestempstemps
Camion n° 1          
Tcurnée A          
• Village A          
• Village aA          
• Village bA          
• Village cA          
Tournée B          
• Village aB          
• Village bB          
• Village cB          
• …          
TOTAUX          
• Temps opératoires à l'usine
Lorsque l'on veut établir le coût de la collecte en vrac, il faut aussi déterminer celui de la réception à l'usine. On sait en effet que ce mode de collecte s'accompagne d'une modification du système de réception. Il permet notamment d'élargir les horaires d'arrivée du lait, d'utiliser de façon plus intensive les équipements de la laiterie, de réduire la main - d'oeuvre et d'une façon plus générale d'accroître la productivité. S'il est nécessaire de déterminer le coût de la collecte, il faut aussi connaître celui de la réception de façon à pouvoir établir le bilan total du système. Comme pour le ramassage, le temps des travaux conditionne les frais de réception. Ces temps concernent la réception proprement dite : vidange, comptage et contrôle du lait, nettoyage des camions - citernes. Ils sont à établir en fonction de l'équipement et des litrages de chaque usine.

4. FACTEURS DE VARIATION DU COUT DE LA COLLECTE

Ce coût est relativement délicat à établir car il comprend de nombreux facteurs de variations et ne peut être établi que pour des cas précis. Le plus important facteur de variation du coût de la collecte est la fréquence des tournées car il détermine en grande partie les autres. Ceux-ci sont la densité de ramassage, les quantités de lait livré dont les variations saisonnières ont une forte incidence sur les autres facteurs, le nombre de producteurs, l'état des routes et des accès.
Le nombre de producteurs par tournée et la densité laitière sont deux facteurs qui ne peuvent être séparés. Dans le cas du ramassage en bidons, les temps fixés sont relativement limités car ils ne comprennent que le temps d'arrêt et de départ du camion. Au contraire, dans le cas du ramassage en citerne, ils deviennent très importants par rapport aux temps proportionnels à la quantité de lait livré. L'ensemble des temps consacrés aux manoeuvres d'approche du tank et aux diverses opérations de vidange sont importants.
Quand, sur une tournée, ce temps se multiplie en raison de la dispersion des points de collecte, le prix de revient de la collecte s'en trouve augmenté. Lorsque le ramassage est effectué tous les deux jours, la densité de ramassage est pratiquement doublée, ce qui se traduit par une réduction plus ou moins notable des frais par kilomètre par rapport au ramassage quotidien. Cependant, il ne faut pas en déduire qu'ils seront réduits de moitié.
Pour apprécier de façon plus fine ces frais, il convient d'examiner les postes qui les constituent:
  • l'amortissement du camion-citerne. En principe, lorsque celui-ci remplace deux camions à plateaux (bidons), ce qui est rarement le cas, sa capacité est au minimum doublée. De ce fait, l'amortissement et l'intérêt du capital sont pratiquement doublés. D'autre part, le plateau offre une plus grande souplesse d'utilisation, de sorte que pour une même utilisation la citerne aura souvent une capacité supérieure au double de celle du camion à plateau qu'elle remplace. Dans ces conditions, on peut alors espérer une économie importante.
    D'une façon générale lorsque l'on utilise des camionsciternes de dimensions croissantes, les frais fixes et mobiles sont croissants. Par ailleurs on fait varier en sens inverse deux facteurs qui ont une influence sur les coûts : d'une part on augmente, en principe, la densité de collecte et de ce fait, on diminue le coût à l'hectolitre ; d'autre part, on diminue la rotation des camions, ce qui augmente les frais fixes à l'hectolitre ramassé.
  • le carburant, l'huile, l'entretien, l'assurance. Pour deux véhicules dont la capacité de collecte de l'un est le double de celle de l'autre, les frais inhérents àce poste ne sont pas multipliés par deux, mais par un coefficient de l'ordre de 1,4. Celui-ci est encore plus important pour les pneumatiques. L'économie réalisée est appréciable.
  • les bidons. La suppression des bidons constitue une économie importante, à la condition qu'ils soient amortis et/oùleur remplacement par le système de ramassage en vrac est total. Dans ce cas, il faut également également évaluer l'éconmie des frais de réception et de nettoyage de la poterie.
  • le personnel. C'est généralement au niveau de la maind'oeuvre que la plus grosse économie peut être réalisée. Lorsque le ramassage en vrac permet de remplacer deux tournées par une seule, les frais de main-d'oeuvre devraient en être réduits de moitié. Ce n'est pas toujours le cas. On doit considérer que l'économie en valeur absolue est d'autant plus grande que la densité laitière est plus faible. En pratique, lorsque les quantités de lait par point de collecte sont nombreux et comprennent de petites quantités de lait, les temps fixes passés à la ferme augmentent beaucoup la durée de la tournée en comparaison du système de ramassage en bidons.
Il a étéprouvé, à partir de cas précis, que la durée des tournées de ramassage en vrac peut doubler en raison de l'abondance des petits fournisseurs. L'économie des frais de maind'oeuvre devient alors nulle. Inversement, cette économie est d'autant plus grande que les quantités de lait par point de collecte sont élevées. L'évaluation précise des frais de maind'oeuvre est très importante en raison de son incidence sur le coût du ramassage. Celui-ci peut sensiblement corriger l'influence des autres postes. Bien entendu, le poids des frais de main-d'oeuvre varie en fonction de différents facteurs (région, usine, salaire des collecteurs…), de telle sorte que son importance véritable ne peut être établie que dans chaque cas particulier.
On peut montrer à l'aide d'un graphique à partir de quelle quantité de lait par fournisseur le temps de main-d'oeuvre du ramassage en vrac permet une économie sur celui en bidons. Il suffit de tracer pour chaque système de collecte, les courbes de temps passé à la ferme en fonction du litrage livré. L'exemple de la figure 82 montre que le système en vrac devient économique lorsque la quantité de lait par jour et par producteur dépasse 70 litres ; le ramassage en vrac effectué tous les deux jours doit être au moins de 140 litres par producteur et l'économie sera d'autant plus élevée que le nombre de livraisons supérieur à cette quantité est plus grand.
Le temps de conduite peut rarement être réduit de moitié. Les manoeuvres d'approche pour accéder au tank, et lepoids des camions exigent souvent plus de temps. Il est nécessaire de pouvoir apprécier celui-ci par des chronométrages réalisés préalablement à la mise en place de la collecte en vrac.
Influence des variations saisonnières de la production
Une citerne ne peut être remplie au-delà de sa capacité totale. Par contre, le camion à plateau permet une certaine augmentation du nombre de bidons. Mais en période de faible production le camion-citerne permet, sans risque pour la qualité du lait réfrigéré, d'allonger la durée du ramassage (par exemple en groupant deux tournées), ce qui est souvent impossible pour les bidons. En période de forte production, un même camionciterne peut effectuer successivement plusieurs tournées, ce que ne peut faire le camion à bidons qui est soumis aux horaires de traite et de réception à l'usine, faute de quoi la qualité du lait risque d'être gravement compromise. Il n'y a plus alors nécessité d' augmenter le parc automobile.
Ramassage du dimanche
Dans certains pays, il est devenu nécessaire de supprimer le travail du dimanche, tant au niveau de la collecte que de l'usine. A la laiterie ne subsiste qu'une équipe très réduite assurant la surveillance et les quelques travaux indispensables. Si cette suppression constitue un progrès social certain, elle entraîne une perturbation du travail et de l'organisation des tournées du samedi et du lundi. Pour maintenir la qualité du lait, il faut collecter le samedi le lait de tour les producteurs, qu'ils aient le lait de deux ou de quatre traites. Il s'ensuit des temps de collecte pratiquement doubles et une augmentation du nombre de camions-citernes. Le litrage ramassé ce jour est supérieur de 50 % à celui des jours normaux, ce qui bouleverse aussi la réception et les fabrications à la laiterie. La collecte du lundi est également complexe car il faut, comme le samedi, prendre le lait de tous les producteurs mais la quantité n'est plus de 50 % mais de 100 %. On peut utiliser un système moins rigide en ne ramassant le samedi que le lait de certains producteurs. On ne collecte pas le lait des producteurs chez lesquels on est passé le vendredi et dont la cuve peut contenir trois jours de production jusqu'au lundi. De même que le lundi on reporte sur le mardi le ramassage de producteurs collectés le samedi et qui possèdent des tanks dont la capacité est de trois jours. Dans ce cas, la perturbation s'échelonne sur trois jours au lieu de deux et la qualité du lait a beaucoup de chance d'être altérée. La meilleure solution du point de vue de la qualité est le ramassage systématique de tous les producteurs le samedi. La suppression de la collecte du dimanche entraîne une augmentation du nombre de véhicules et éventuellement de la capacité des tanks ce qui pèse sur le coût de la réfrigération, de la collecte, de la réception et de la transformation.
Figure 82
Figure 82 - Influence de la quantité de lait collecté sur le temps passé à la ferme pour le ramassaage en vrac et en bidon
(D'après MARION et MOREL, 1964)
• Influence de l'état des routes et des accès aux points de collecte
L'état des routes et les difficultés d'accès près des tanks influent sur les frais de transport. Ceux-ci sont rarement plus élevés que dans le cas de la collecte traditionnelle en bidons. Il est évident qu'il faut introduire ces frais supplémentaires dans le calcul du coût du ramassage.
• Rentabilité du ramassage en vrac
Avant de décider de faire du ramassage en vrac et donc de modifier complétement les méthodes et les équipements des producteurs, des collecteurs et de la laiterie, il convient d'estimer avec le maximum de précision quel sera le résultat financier de l'opération. L'évaluation n'est pas simple et ne peut, sans risque de graves erreurs, être faite de façon sommaire, empirique ou par référence à des situations souvent peu comparables. Il faut souligner les points suivants :
  • le coût d'utilisation d'un tank réfrigérant varie du simple au double selon sa capacité et son niveau de remplissage,
  • le ramassage en vrac amène une économie d'autant plus grande que les quantités de lait livré par point de collecte sont fortes,
  • l'économie la plus forte, en valeur absolue, est réalisée là où les conditions de collecte sont les moins favorables en raison d'une densité kilométrique faible. Mais quand la faible densité de ramassage est due au grand nombre de petits producteurs, l'économie diminue.
Le financement des tanks pose un problème. L'investissement peut être à la charge du collecteur, du laitier ou des deux partenaires. Lorsqu'il est à la charge du producteur, celui-ci demande une compensation de ses efforts d'amélioration de la qualité du lait et de productivité et la récupélioration de la ses engagées. La laiterie est alors amenée à reverser au producteur une partie des économies qu'elle a ré grâe au nouveau systè. Malheureusement, dans la réalité, ces économies n'apparaissent parfois que lentement ou même jamais en raison de l'hétérogénéité des productions. On risque alors de se trouver devant l'une des deux situations suivantes :
  • lorsque les gros producteurs sont nombreux, l'économie au ramassage est appréciable et l'usine peut satisfaire le producteur, sous des formes variées,
  • lorsque les petits producteurs dominent, l'économie est peu importante, et à l'extrême, nulle, et ne peut donc couvrir les dépenses et les efforts réalisés par ceux-ci.
La quantité de lait à partir de laquelle apparaît l'économie est variable. Tel producteur considéré comme “gros” dans une région donnée peut n'être ailleurs qu'un “petit”. Il semble que la quantité par producteur et par jour doit être de l'ordre de 150 litres pour que le ramassage apporte une économie. Mais cette valeur est purement indicative et peut très largement varier selon les régions.

5.ANALYSE DU COUT DE LA COLLECTE

L'utilisation d'un camion-citerne pendant une année entraîne les dépenses suivantes :
  • les frais fixes annuels (F.F.). Ils sont indépendants de la distance parcourue. Ils comprennent : l'amortissement du camion, l'intérêt du capital, l'assurance et la main-d'oeuvre,
  • les frais mobiles annuels (F.M.). Ils sont proportionnels au kilométrage effctué. Ils comprennent les frais kilométriques constitués par le carburant, l'huile, les pneus et l'entretien.
Ces dépenses sont notamment liées au véhicule considéré et à la distance parcourue pour collecter un certain volume de lait.
Le coût de la collecte (C.C.) par hectolitre (L) étant la quantité annuelle collectée par an et exprimée en hectolitres :
Si K est le nombre de kilomètres annuels, h les frais kilométriques,
Les frais mobiles sont le nombre de kilomètres annuels (K) par les frais kilométriques (k). On a alors FM = k × K. On peut écrire
Lorsque la densité de ramassage (d) est exprimée en hl/km, on a :
Le coût de la collecte dépend de la densité de ramassage mais aussi de la quantité totale collectée qui est elle-même fonction du nombre de points d'arrêt du véhicule.
• Capacité des camions-citernes
L'incidence de la capacité du camion-citerne sur le coût de la collecte est importante. Il convient donc de rechercher le modèle qui permettra d'obtenir le coût minimum de collecte par hectolitre en se fondant sur l'analyse des coûts prévisionnels de collecte. Cette recherche consiste à “essayer” les différents types de véhicules possibles. Cette opération peut se faire à l'aide d'un document du type de celui représenté au tableau 16.
Quand on envisage de procéder au ramassage en vrac d'une zone de collecte, il est préférable de procéder à son étude d'ensemble même si celui-ci ne doit être réalisé que par tranche. Bien entendu, ce travail nécessite la connaissance des caractéristiques de la zone qui donne les quantités de lait, et les temps de collecte par camion-citerne.
Tableau 16 - Etude théorique des coûts de collecte en vue de la détermination de la capacité des camions-citernes
Analyse des coûts prévisionnels de collecteCapacité des camions-citernes (en l)
3.0004.0005.000
Prix d'achat unitaire     
• du porteur ………     
• de la citerne ………     
Nombre de camions nécessaires     
Prix d'achat total des camions     
Frais fixes (F.F.)     
• amortissements ………     
• intérêts du capital ………     
• assurances ………     
• chauffeur-collecteur ………     
• (salaires + charges) ………     
• total annuel de F.F. ………     
Frais mobiles (F.M.)     
• F.M. kilométriques ………     
• nombre de km annuels ………     
• total annuel F.M. ………     
Frais totaux annuels     
(F.T. = F.F. + F.M.) ………     
Quantité de lait collecté par     
an (hl) …………………     
Coût de collecte par hl ………     

6. ANALYSE DU COUT DE LA REFRIGERATION

Le coût de réfrigération (C.R.) comprend :
  • les frais fixes ; ils sont indépendants de la quantité de lait réfrigéré. Ils sont constitués par l'amortissement du matériel et l'intérêt du capital investi,
  • les frais mobiles; ils sont proportionnels à la quantité de lait réfrigéré et comprennent les dépenses d'énergie électrique, de produits de nettoyage et éventuellement de main-d'oeuvre.
Lorsque l'on rapporte ces frais à l'hectolitre de lait réfrigéré, on constate que :
  • d'une part, les frais fixes qui ont une valeur annuelle totale déterminée, dépendent de la quantité annuelle du lait, c'est-à-dire de la fréquence de la collecte (une fois par jour ou tous les deux jours) et du coefficient moyen d'utilisation du tank. Ce coefficient (C.U.) est le rapport entre la quantité de lait réfrigéré entre deux collectes et la capacité utile du tank réfrigérant.
    Si L est la quantité journalière de lait et C la capacité utile du tank, on a :
  • pour un tank deux traites :
pour un réfrigérant quatre traites :
On voit que pour une même valeur de C.U., la quantité de lait annuelle est deux fois plus forte avec un tank deux traites qu'avec un tank quatre traites.
Le tableau 17 montre la manière dont peut être calculé le coût de la réfrigération par hectolitre de lait en considérant que le coefficient d'utilisation du tank est de 100 %.
Tableau 17 - Calcul du coût de la réfrigération
NATURE DES COUTSCOUT PAR HECTOLITRE
tank 2 traitestank 4 traites
Prix d'achat du tank à l'hl de lait logé
Frais fixes (F.F.)  
• amortissements…………  
• intérêts du capital…………  
Total F.F……………  
Frais mobiles (F.M.)…………  
Total des frais de réfrigération C.R.  
C.R. = F.F. + F.M.…………  
Lorsque le coefficient d'utilisation diminue, le coût de la réfrigération augmente. Comme le montre l'exemple de la figure 84, il est très immportant que le coefficient d'utilisation annuelle des tanks soit aussi élevé que possible.
Figure 83
Figure 83 - Variation du coût de la réfrigération en fonction du coefficient du tank
(D'après B.D.P.A., 1968)
Figure 84
Figure 84 - Coûts de réfrigération en fonction des coefficients d'utilisation des tanks
(D'après B.D.P.A.-F.O.R.M.A.)

7. RECHERCHE DU COUT MINIMUM DU SYSTEME REFRIGERATION-RAMASSAGE

D'une façon générale, le coût de la réfrigération en tank 4 traites est plus élevé que celui opéré en tank 2 traites. Mais la réfrigération et le ramassage ne sont que les deux éléments complémentaires d'un même système. Il faut donc aussi tenir compte du coût de la collecte qui est lui-même conditionné par la structure des tournées (densité, nombre d'arrêts…). C'est finalement cette dernière qui est déterminante dans le choix entre les deux types de tanks.
La recherche de l'organisation la plus économique de la collecte du lait réfrigéré revient à choisir entre les solutions ci-après :
  • la collecte quotidienne. Dans ce cas, la zone est équipée en tanks 2 traites dont le coût de réfrigération est relativement faible. Pour une densité laitière d correspond à un coût de collecte C.C.
  • la collecte tous les deux jours. La zone est pourvue de tanks 4 traites dont le coût de réfrigération est plus élevé. La densité laitière est plus forte ; elle est en théorie 2 d si le camion-citerne a une capacité double ; son coût de collecte est plus faible que dans le cas de la collecte journalière.
Ainsi, les facteurs coût de réfrigération (C.R.) et coût de collecte (C.C.) varient en sens inverse.
On peut déterminer les valeurs minima de la somme C.C. + C.R. au moyen d'un graphique du type représenté à la figure 83. Dans cet exemple, le coût de la collecte et de la réfrigération en tanks 2 et 4 traites sont établis d'après les tableaux 16 et 17 ; le coefficient de remplissage des tanks est de 70 %. On trace d'abord la courbe (1) qui représente celle des coûts de collecte en fonction des densités laitières pour un ramassage par jour ; la courbe (2) , pour un ramassage tous les deux jours. On ajoute aux coûts de collecte les coûts de réfrigération en tenant compte de la valeur du coefficient d'utilisation des tanks (ici 70), ce qui permet d'établir la courbe (3) des coûts totaux (collecte + réfrigération). Celle-ci est parallèle à la courbe (1) avec un écart R correspondant aux frais concernant un ramassage par jour (ici R = 1 , 19). On trace enfin la courbe (4), parallèle à la courbe (2) avec un écart correspondant aux frais pour un ramassage tous les deux jours (ici R = 1,87).
Pour une certaine densité laitière par km, les courbes (3) et (4) se croisent en un point A. Pour des densités laitières supérieures, la courbe (3) est en-dessous de la courbe (4) ; cela signifie que le coût total (réfrigération + ramassage) devient plus économique avec un ramassage par jour et des tanks 2 traites. Au contraire, pour des densités laitières inférieures, la courbe (4) est au-dessous de la courbe (3) ; dans ce cas, il est plus avantageux de collecter le lait tous les deux jours et donc d'installer des tanks 4 traites.
Les valeurs indiquées au graphique ne constituent qu'un exemple destiné à illustrer la méthode. Le coefficient d'utilisation des tanks, le coût du matériel…, peuvent être différents, ce qui donne d'autres courbes et une position différente du point A.
Cette étude théorique confirme que le ramassage quotidien peut être économique lorsque la quantité de lait par point de collecte et la densité laitière sont élevées. Toutefois, ce n'est que dans chaque étude portant sur des situations concrètes qu'on peut déterminer à partir de quelle densité laitière il est souhaitable d'adopter une solution plutôt qu'une autre. En effet, il faut tenir compte d'autres facteurs comme le nombre de producteurs qui ont une forte incidence sur les temps de collecte et sur la longueur de la tournée.
Le choix entre les tanks 2 traites et 4 traites est fonction des situations locales. Selon des indications recueillies à la suite d'études réalisées dans des régions laitières, il semble que lorsque la densité laitière est inférieure à 30 1/km, il est préférable de faire un ramassage tous les deux jours, donc d'utiliser des tanks 4 traites. Si cette densité est supérieure, il faut étudier le schéma d'un ramassage par jour avec des tanks 2 traites ainsi que celui d'un ramassage tous les deux jours avec des réfrigérants 4 traites, car selon les conditions locales, l'un peut être plus avantageux que l'autre. Les perspectives d'évolution de la collecte et les possibilités d'amortissement plus ou moins rapide des équipements sont aussi à prendre en considération dans le choix.
• Cas des petits producteurs
Lorsqu'une laiterie a établi l'intérêt du ramassage en vrac, il lui reste à résoudre le cas des producteurs dont les quantités de lait sont trop faibles pour justifier l'emploi d'un tank dans chacune de leur ferme. Plusieurs solutions sont possibles:
  • collecte des bidons par le camion-citerne équipé d'une galerie,
  • mélange avec le lait réfrigéré ; cette solution est dangereuse en raisons des risques de contamination et de réchauffement excessif. La quantité de lait en bidon doit toujours rester faible, la température du mélange ne pas dépasser 8°C et la durée de ramassage ne pas excéder deux à trois heures. Le lait en bidon ne doit pas être de plus de deux traites, voire une traite. Ces conditions sont souvent inapplicables.
  • centre de collecte. Cette solution est la meilleure. Chaque producteur apporte son lait au centre immédiatement après chaque traite.

8. ETUDE FINANCIERE DE LA REFRIGERATION ET DE LA COLLECTE EN VRAC

Quand le plan de réfrigération et de collecte en vrac est établi et réparti en tranches successives et rationnelles de réalisation, il faut étudier l'aspect financier de l'opération.
Deux analyses rsont à effectuer :
  • b'une portant sur les investissements et les coûts de collecte existants dans la situation en place,
  • b'autre concernant la situation future qui elle-même a deux aspects :
  • bn aspect prévisionnnel des investissements et de leur financement, des coûts de réfrigération et de collecte, de la rentabilité du système,
  • • un aspect de contrôle ou de vérification des prévisions qlipen cas d'écarts notables, d'en chercher les causes et les remèdes.
• Investissements
La collecte en vrac se différencie essentiellement de celle en bidons au point de vue du quai de réception. Afin de comparer les deux systèmes, il est nécessaire d'inclure les investissements et les frais de réception dans les deux cas. Cette étude peut être effectuée en se fondant sur les tableaux 18 et 19 concernant respectivement les investissements existants et ceux à prévoir.
Tableau 18 - Investissements existants
Equipements existantsAnnée d'achatValeur d'achatAmortisse- ments réalisésValeur res- tant à amortir
Quai de réception des bidons    
• Laveuse à bidons…………    
• Quai mécanisé…………    
• Matériel de mesure (bascule, compteur)…………    
• Bidons (type et nombre)…………    
• Camions de ramassage    
en bidons (type et nombre)    
• Camions-citernes, s'il y    
en a (type et nombre)……    
Tableau 19 - Investissements nouveaux prévus
Equipements prévuslère tranche2e tranche.....
nombrevaleurnombrevaleur
Quai de réception des citernes         
• Compeur à lait………         
• matériel de nettoyage (N.E.V.)         
• TOTAL A……………         
  PorteurCiterne PorteurCiterne PorteurCiterne
Camions-citernes         
• TOTAL B……………         
Tanks réfrigérants         
Par capacité et nombre de traites         
• TOTAL C…………         
• TOTAUX A + B + C…………         
Le plan de financement à mettre en place est ensuite établi par tranche en distinguant si nécessaire les divers équipements (tanks, camions-citerne, matériel de réception), selon l'exemple du tableau 20.
Tableau 20 - Plan de financement
Origine des capitauxlère tranche2e tranche?TOTAL
%valeur%valeur%valeur%valeur
Fonds propres        
• Apports en espèces…………        
• réalisation d'actifs………        
• autofinancement………        
Crédits        
• moyen terme…………        
• long terme…………        
• subventions………        
Normalement toute laiterie en expansion a une place de développement qui comporte divers investissements inscrits dans un tableau général avec dates d'exécution. Il convient, bien entendu, de reporter dans ce tableau les tranches d'équipements de réfrigération et de collecte.
Le contrôled' éxecution du financement est à effectuer à l'aide des pièces comptables habituelles, comportant les comptes et les sous-comptes néssaires permettant de suivre facilement le déroulement financier des opérations.
Il est nécessaire de s'assurer au moyen d'un plan de trésorerie que les annuités de remboursement des emprunts ne risquent pas d'être excessives et que les bénéfices prévisibles permettront bien de les régler.
• Comparaison des coûts de collecte
La comparaison des coûts du système initial (en bidons) et du système prévu (en vrac) doit être faite en prenant en compte, dans les deux cas, les coûts de ramassage et de réception.
Le tableau 21 permet d'établir le coût de collecte du système initial dans lequel peut déjà exister des camions-citernes.
Pour établir les coûts prévisionnels de chaque tranche d'équipement en réfrigérants et en camions-citernes, il faut préalablement déterminer l'organisation de la collecte qui sera mise en place, à savoir :
  • les équipements anciens qui subsisteront et les nouveaux,
  • la part de lait collecté pour chaque système (vrac, bidons).
Tableau 21 - Coût initial de la collecte
POSTES DE FRAISVALEURS
Véhicules  
• Frais fixes (F.F.)Amortissements Intérêt du capital Assurances Main-d'oeuvre (salaires + charges) 
• Frais mobiles (F.M.)Entretien Carburant Huile Pneumatique 
Réception  
• Frais fixes (F.F.)Matériels de réception et de nettoyage des bidons (amortissements + intérêts) Bidons (amortissements + intérêts) Main-d'oeuvre (salaires + charges) 
• Frais mobiles (F.M.)Energie électrique Energie thermique Détergents Divers - entretien 
Totaux  
Total de la collecte annuelle (hl) 
Coût par hl (moyenne annuelle) 
A partir des schémas ainsi établis de l'organisation de la collecte on déduira le tableau des coût prévisionnels selon le type de celui indiqué au tableau 22.
Il ne faut pas attendre de ce tableau une précision absolue mais seulement un ordre de grandeur des coûts. On observe souvent qu'au cours de la mise en place progressive des tranches d'équipement du nouveau systéme, les coûts de collecte en citerne évoluent favorablement mais non les coûts de collecte en bidon. Pour cette raison il est bon de prévoir séparément la prévision de leur évolution de manière à recherche pour les tranches restant à réaliser les améliorations à prévoir sur les points défavorables.
Tableau 22 - Coûts prévisionnels de collecte
Eléments des coûts de collecteSituation initialeSituation après mise en place de la réfrigération et de la collecte en vrac
Après lère trancheAprès 2e tranche……Situation finale
Collecte traditionnelle en bidons (B)    
Camions     
• Frais fixes (F.F)     
• Frais mobiles (F.M.)selon    
Réceptionéléments    
• Frais fixes (F.F.)     
• Frais mobiles (F.M.)du tableau    
Coût total (F.B.)    
Collecte annuelle en hl (QB)    
coût par hl C.H.B. = FB/QB    
Collecte de lait réfrigéré en citernes (V)    
Camions     
• Frais fixes (F.F.)     
• Frais mobiles (F.M.)selon    
Réceptionéléments    
• Frais fixes (F.F.)     
• Frais mobiles (F.M.)du tableau    
Coût total (F.V.)    
Collecte annuelle en hl (Q.V.)    
Coût par hl : C.H.V. = FV/QV    
Coût total de collecte F = F.B. + F.V.    
Collecte totale annuelle Q = Q.B. + Q.V.    
Coû moyen par hl C = F/Q    
• Contrôle des coûts réels du ramassage en vrac
A la fin de chaque exercice comptable, il faut s'astreindre à établir le tableau détaillé des frais réels de collecte. Celui-ci est semblable au tableau 22 des coûts de collecte prévisionnels. Sa réalisation nécessite diverses informations pouvant être recueillies ou s'inspirant du tableau 22.
Tableau 23 - Contrôle des coûts de collecte
POSTES DE FRAISMOYENS POUR OBTENIR LES RENSEIGNEMENTS
Amortissement et intérêts des capitauxComptes classiques
Assurances des véhiculesUne fiche individualisée par camion
Salaires des collecteursUne fiche individuelle distinguant les temps réels de collecte des autres travaux éventuels
Salaires du personnel de réceptionUne fiche distinguant les temps réels consacrés à la réception avec vérification mensuelle et annuelle
Charges sur salairesAu prorata des temps réels de collecte et de réception
Entretien des véhiculesUn état récapitulatif mensuel par camion du coût de consommation et d'entretien
Entretien de la réceptionUn état mensuel et du coût des fournitures utilisé et du temps passé
Matières consommables utilisées à la réception (électricité, énergie thermique, car)Faire les mesures pour apprécier et chiffrer au moins les besoins horaires. Procéder ensuite au calcul théorique des coûts de consommation d'aprés le dé- compte du temps réel de travail mensuel
Produits de nettoyageComptabilisation mensuelle en poids et en valeur
Un tel contrôle rebute souvent les petites entreprises qui ne disposent pas d'une comptabilité analytique et d'un appareil administratif approprié. Elles doivent cependant faire l'effort de dégager les éléments principaux permettant au moins de l'effectuer d'une manière simplifiée.
Il est à remarquer que si la réception a lieu à la fois en bidons et en vrac, il est toujours possible de faire une estimation des frais à chacun des postes des deux systèmes. Il est souhaitable de recouper les éléments extra-comptables recueillis en dehors du service comptable au moyen des comptes faits par ce service après chaque fin d'exercice.
• Contrûle des coûts de réfrigération
Il est tout aussi nécessaire que celui concernant la collecte. Il doit être effectué selon les arrangements prévus entre les producteurs et le collecteur. Il est bon que ces accords donnent lieu à l'établissement de contrats. Plusieurs cas sont possibles, par exemple la laiterie est propriétaire des tanks; elle verse ou non aù producteur une prime dite de réfrigération destinée à couvrir tout ou partie des frais de fonctionnement. Selon ces cas, les coûts prévisionnels peuvent être établis en s'aidant des indications du tableau 24.
Tableau 24 - Coûts prévisionnels de la réfrigération
NATURD DES FRAISTRANCHES D'EQUIPEMENT
 lère tranche2e tranche……Situation finale
Frais fixes (a)    
• Amortissements    
• Intérêt du capital    
Frais mobiles    
• Entretien    
• Electricité    
• Détergents (b)    
ou autre disposition    
• Primes de réfrigération (c)    
• Valeurs totales    
Total (coût de réfrigération pour la laiterie    
Quantités annuelles de lait réfrigéré en hl    
Coût de la réfrigération par hl de lait    
Les coûts réels, comme les coûts prévisionnels, sont contrôlés en tenant compte des modalités de mise en place de la réfrigération. La laiterie enregistre et contrôle tous les frais qu'elle supporte pour la réfrigération : amortissements, intérêt des capitaux, primes de réfrigération, frais d'entretien… Un tableau mensuel permet de suivre les quantités de lait réfrigéré, les coûts totaux et par hectolitre.
• Rentabilité prévisionnelle
Avant de décider les investissements de réfrigération et de collecte, il convient d'apprécier la rentabilité prévisionnelle :
Il' n'est jamais facile de l'estimer avec précision ; elle n'est réellement connue qu'après mise en place des équipements.
L'appréciation des gains prévisibles peut être effectuée selon le modèle ci-après :
  1. - Gains sur les coûts de collecte et de réfrigération
    soit C.A. = coût actuel de la collecte (en bidons) par hl
    C.F. = coût futur de la collecte (en vrac) par hl
    C.R. = coût prévisible de la réfrigération par hl
    A = gain par hl
    C.A. - C.F. + C.R. = A
    Gain total = A.X. nombre d'hectolitres prévus
  2. - Gains sur la qualité
    Ils sont estimés en tenant compte des pertes annuelles de lait altérés (B) et de l'amélioration de la qualité des produits fabriqués (C). L'amélioration des prix unitaires de ces produits par la quantité annuelle donne le gain
  3. - Gains sur l'usine
  • récupération de tout ou partie de l'ancien atelier de réception pour d'autres usages,
  • amélioration de l'organisation du travail de l'entreprise entraînant une meilleure productivité,
  • la valeur estimée des gains dûs au nouveau système de collecte.
La somme A + B + C + D donne l'estimation des gains annuels prévisibles. Certains avantages tels que l'intérêt social et humain que trouvent les producteurs dans la réfrigération en vrac et l'intérêt commercial obtenu par une satisfaction accrue de la clientèle ne peuvent être chiffrés mais peuvent intervenir au moment du choix du système de collecte.
• Bilan annuel de la réfrigération et de la collecte en vrac
La laiterie a intérêt à introduire parmi les documents de son tableau de bord une fiche du modèle de celui du tableau 25 qui lui permettra chaque année de comparer aisément les prévisions et les résultats réels :
Tableau 25 - Réfrigération et collecte - Comparaison entre les prévisions et les résultats obtenus
OPERATIONSPREVISIONSRESULTATS
Tanks en place (par capacité)  
• nombre  
• valeurs  
Camions-citernes en service (par capacité)  
• nombre  
• valeurs  
Contrats avec les producteurs  
• nouveaux  
• rompus  
Harmonisation des zones de collecte  
• cas à régler  
• cas réglé  
• litrage concerné  
Lait collecté dans l'année (hl)  
• ré frigéré  
• non réfrigéré  
Densité de collecte  
• en citernes  
• en bidons  
• moyenne générale  
Coût de la collecte  
• en citernes  
• en bidons  
• moyenne générale  
Coût de la réfrigération par hl  
Qualité du lait  
• en citernes  
• en bidons 

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